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 Causes : La deforestation

La lutte contre l'effet de serre passe par la réduction des émissions des gaz qui piègent le rayonnement solaire dans l'atmosphère, concourant au réchauffement progressif.  Mais le piégeage de ces gaz (dioxyde de carbone, méthane, etc.) dans des « puits » naturels est aussi une solution séduisante.  La deforestation offre un moyen prometteur pour tenter de s'approcher des engagements lors des récents sommets internationaux sur le réchauffement climatique. Peugeot va ainsi replanter 10 millions d'arbres dans la forêt tropicale brésilienne.  Une évaluation précise du rendement de ces reforestations est nécessaire avant que ces puits de carbone puissent constituer une monnaie d'échange dans les négociations internationales sur les « droits à polluer ». Une tâche qui, reconnaissent les scientifiques, s'annonce difficile.

Planter des arbres pour contrer l'effet de serre

Peugeot va reboiser une parcelle de la forêt brésilienne. Cette démarche rejoint celle des scientifiques qui tentent d'évaluer l'impact des « puits de carbone » dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une solution séduisante, mais limitée dans le temps.

 

I_ GESTICULATION

La gesticulation médiatique ou prémices d'une véritable stratégie contre l'effet de serre ? Peugeot, premier diéséliste du monde, a l'intention, pour lutter contre le réchauffement climatique, de créer un grand « puits de carbone », en plantant 10 millions d'arbres de vingt essences en trois ans, dans l'Etat du Mato Grosso, au sein de la forêt tropicale humide

En fixant le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l'atmosphère, sur une surface représentant presque deux fois la surface de Paris intra-muros, ces arbres devraient concourir, annonce le constructeur, au stockage de 50 000 tonnes de carbone par an, soit l'équivalent de 183 000 tonnes de CO2. Une bulle d'air pur face aux 2 milliards de tonnes de carbone dispersés dans l'atmosphère par la déforestation, et aux milliards de tonnes provenant du transport qui, en France, génère 35 % des émissions de CO2.

 II_ MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

En replantant une parcelle du « poumon du globe », durement nécrosé par la déforestation, Peugeot joue à l'envi sur les symboles et intègre à fond la thématique du changement climatique : la pollution ne connaît pas de frontière, la lutte doit être planétaire. Conscient des critiques que peut susciter un tel mécénat, le constructeur prouve le sérieux de sa démarche en investissant 65 millions de francs dans le projet.

III_ EQUILIBRE CHAMBOULÉ

Quel que soit le résultat à terme, la démarche de l'industriel s'inscrit dans une réflexion plus large de la communauté scientifique sur les différentes méthodes de lutte contre l'effet de serre. Si l'on fait abstraction de l'activité humaine, on estime que la photosynthèse globale fixe 120 milliards de tonnes de carbone par an (GtC/an), en équilibre avec les émissions provenant de la respiration des plantes (60 GtC/an) et des animaux. Mais l'homme, à travers la consommation de combustibles fossiles notamment, a chamboulé cet équilibre.

Comment restocker ce carbone de la façon la plus efficace et durable possible ? La revue Nature vient de publier une étude américaine analysant l'impact d'une reforestation expérimentale conduite en Caroline du Sud. Carol Wells, du service forestier de Caroline du Nord, et ses collègues ont notamment étudié la recolonisation d'anciens champs de coton par des résineux.

En analysant l'évolution de la concentration en carbone 14 d'échantillons prélevés à intervalles réguliers dans le sol de cette forêt durant les quarante dernières années, ils ont pu déduire un profil de l'absorption du CO2. Ils ont constaté que, dans les premiers temps, celui-ci s'accumulait rapidement dans les 60 premiers centimètres du sol, puis que le phénomène se ralentissait. A partir des années 90, seuls les 7,5 premiers centimètres du sol, la litière et les arbres eux-mêmes « aspiraient » le carbone.

Au total, 80 % environ du carbone séquestré l'a été dans les arbres, 20 % dans la lisère, et moins de 1 % dans le sol, sans doute en raison de la nature argileuse de celui-ci, propice à la décomposition rapide des composés organiques.

A l'heure des grandes négociations sur la lutte contre l'effet de serre ouvertes à Kyoto (1997), plus décevantes à Buenos Aires (1998), de telles études peuvent sembler académiques. Elles seront, pourtant, au centre des discussions futures : les séquestrations de gaz carbonique ne sont que partiellement comptabilisées, pour la période 2008-2012, dans les engagements de réduction d'émissions pris par les signataires du protocole de Kyoto.

La question des puits de CO2 dans les terres agricoles et la foresterie est encore ouverte, et les forêts du futur pourraient constituer des monnaies d'échange dans la foire internationale des droits à polluer.

Encore faudrait-il être capable d'évaluer précisément quels seront les rendements de ces puits, et effectuer une sorte de « point zéro » sur la contribution nette de l'espace rural et forestier à l'accumulation de gaz à effet de serre.

Cette problématique a récemment fait l'objet d'un colloque à Paris, où scientifiques, gestionnaires et industriels ont confronté leurs points de vue.

En forêt tempérée, « le bilan de carbone est toujours une immobilisation nette », confirme Didier Lousteau, de l'unité de recherche forestière bordelaise de l'INRA, qui indique que les évaluations des stocks sont difficiles : si, pour la biomasse des arbres, le décompte est relativement aisé, celle présente dans le sol est délicate, et, « pour une production ligneuse identique, ce bilan peut pratiquement varier du simple au double, voire même s'inverser, suivant l'importance des émissions de CO2 du sol ».

IV_ L'INCONNUE DES RACINES

Le bilan est d'autant plus difficile à cerner que l'éventuel réchauffement climatique va accélérer la pousse des arbres, mais aussi la respiration productrice de carbone, tout comme l'émission de précurseurs de l'ozone troposphérique... Une autre boîte noire concerne les racines, dont on a du mal à déterminer la masse. Actuellement, en Europe, le carbone est immobilisé le plus efficacement dans des hêtraies de quatre-vingt-dix ans, alors que les forêts de conifères suédoises du même âge environ peuvent en émettre. Avant de planter des « puits » à tout va, il faut donc bien connaître sols et essences, et en planifier l'exploitation.

Claude Roy, directeur de l'agriculture et des bioénergies de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), propose quatre scénarios permettant, selon lui, d'ici à 2010, de fixer ou d'éviter à la France de produire 16 millions de tonnes de CO2 par an, soit presque la moitié des engagements pris à Kyoto, qui supposent une réduction de 30 millions à 40 millions de tonnes par an.

Ces scénarios passent par le reboisement, l'utilisation du bois en chaufferies et comme matériau de construction, et, côté agricole, par la production de biocarburants, de lubrifiants et autres substituts de la filière chimique. Les coûts sont compris entre 5 francs et 400 francs la tonne de CO2 évitée, contre 35 francs environ dans le projet de Peugeot.

Il est donc impératif de limiter les émissions à la source. C'est l'autre pari technologique que Peugeot et ses concurrents, qui n'ont pas vocation à replanter toute l'Amazonie, prétendent vouloir relever, avec leurs nouvelles motorisations.

V_ L'IMPACT DE L'AGRICULTURE

Les paisibles ruminants, avec leur estomac d'alchimiste concourent au changement climatique : 15 % à 18 % de la production du méthane terrestre - et, de ce fait, 2 % ou 3 % de l'effet de serre - sont éructés par les animaux d'élevage. Il faut y ajouter le méthane issu de leurs déjections (lisiers, fumiers, fientes, composts). Des additifs alimentaires permettent une diminution de 20 % à 30 % de ces émissions carbonées, et l'aération du lisier peut les réduire de 70 % à 80 %.

Mais on doit éviter que ces opérations n'occasionnent le dégazage de matières azotées, tout aussi indésirables. L'oxyde d'azote, N2O, contribue en effet pour 5 % à 7 % à l'effet de serre additionnel. De l'avis général, les modèles permettant de simuler ces émissions sont encore trop sommaires.
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